On manque de PsyEN dans nos écoles !

Résultats de la consultation nationale des psyEN EDA du 1er juin 2023 au 1er septembre 2023

Basés sur les réponses d’un tiers de la profession (1 174 réponses)

Introduction

Le manque de titulaires (plus de 840 postes vacants sur le territoire publiés lors des opérations de mobilité intra académique) a un impact direct sur la prise en charge des élèves et met en difficulté aussi bien les psychologues que le reste de la communauté éducative : professeurs des écoles, familles...Cette enquête était la première étape d’une campagne visant à dénoncer un état des lieux sur le manque de moyens humains.Première organisation syndicale de l’École, la FSU-SNUipp a interrogé les psychologues EDA sur les effets du manque de postes aux concours et du nombre de postes vacants sur leurs conditions de travail.Avec 1 174 réponses, soit ⅓ de la profession, les psychologues se sont largement emparé·es de cette enquête, exprimant leurs difficultés sur le terrain.Les résultats de cette enquête constituent un appui pour démontrer au ministère la réalité d’un terrain qu’il ne connaît pas.

L'enquête en bref

42 % des psychologues EN du premier degré ont vu leur zone d’intervention modifiée depuis moins de trois ans. Seul·es 8,5% n’ont connu aucune modification.70 % des psychologues concerné·es pensent que les postes vacants ont une influence négative sur leur travail de secteur37 % des psychologues exercent dans une circonscription où un ou plusieurs postes sont vacants

Des postes massivement vacants :

37 % des interrogé·es déclarent vacant au moins un des postes de leur circonscription.

La proportion de psychologue confronté·es à une vacance de postes dans leur circonscription est inquiétante. Avec 800 postes vacants recensés lors du mouvement (opération administrative d’attribution des postes), des places insuffisantes aux concours et une pyramide des âges défavorable, cette situation pourrait s’aggraver encore dans le futur.

En cas de vacance de postes, les secteurs sont redécoupés (54,6% des cas) et réaffectés par l’IEN de circonscription. Cela alourdit la charge de travail des psychologues au détriment de leur secteur initial et de leur santé. Pour le traitement des dossiers des secteurs dépourvus, il est demandé aux PsyEN à 74 % de gérer les “urgences” et dans 48,5 % des cas, de se répartir les écoles sans psychologue.

L’impact est loin d’être neutre sur les conditions de travail : dans les circonscriptions concernées, 70 % des psychologues considèrent que cette vacance de poste affecte leur travail.

Dégradation des conditions de travail déjà difficiles

2% seulement des répondant·es ont moins de 800 élèves !

Loin des revendications de la FSU-SNUipp d’un psychologue pour 800 élèves, seulement 2% des répondant·es ont moins de 800 élèves, contre 51,9 % avec plus de 1 500 élèves. A la rentrée 2023, la moyenne nationale était de 1 800 élèves par psychologue.A ce nombre d’élèves s'ajoutent des déplacements importants, que ce soit en distance ou en fréquence. Les secteurs peuvent être très étendus et les déplacements fréquents pour être au plus près des besoins des familles et des équipes. 57% des psychologues parcourent plus de 800 km par an, 26,6% plus de 2 000 km.

Le remboursement des frais de déplacement n’est pas satisfaisant : 40% des psychologues n’en perçoivent aucun et 24,2% seulement en partie.

Alors que les textes précisent que : “les psychologues apportent un appui spécifique aux enfants, aux adolescents et jeunes adultes ainsi qu'à leurs familles. Ils accompagnent dans cette perspective les équipes pédagogiques et éducatives des écoles et des établissements d'enseignement, comment dans ces conditions remplir ces missions ? Comment entretenir des relations étroites avec les équipes et les familles ?

Pas le temps de tout faire !

77 % des PsyEN dépassent leur temps de service réglementaire.

Les psychologues EN dépassent largement les 24 heures de temps de travail dans les écoles (sans compter le temps de rédaction des bilans).Bien que 75 % des psychologues dépassent le temps d’obligation de service de 24 heures, elles et ils estiment ne pas avoir suffisamment de temps pour effectuer toutes leurs missions. Ainsi, trop souvent, les missions sont réduites aux bilans d’orientation et à l’accompagnement des élèves en situation de handicap. Les interrogés·es estiment ne pas avoir du tout ou pas suffisamment de temps pour travailler avec les enseignant·es (73,3%), effectuer de la prévention (95,4%) ou des accompagnements (88,2%)...

Adhérer à la FSU-SNUipp

En conclusion

Alors que cette enquête se voulait rapide et informative, près d’un tiers des répondants et répondantes ont pris le temps de rédiger une réponse dans la partie libre. Ces réponses seront analysées dans un second temps mais on peut toutefois noter que l’écrasante majorité des réponses porte l’expression d’une souffrance en raison de la charge de travail, de la taille des secteurs et du manque de moyens. Les collègues évoquent le manque cruel de RASED, des conditions matérielles médiocres et une perte de sens de leur métier.Dès à présent il est nécessaire de faire valoir les droits des psychologues à :

  • exercer leur métier et toutes leurs missions dans le respect du cadre déontologique et éthique de la profession réglementée de psychologue avec l’autonomie nécessaire.

  • un temps de travail restant conforme aux textes réglementaires : 24 heures par semaine (pour les bilans, synthèses entretiens, réunions etc) et 4 heures pour le secrétariat administratif et la tenue des dossiers, la rédaction des écrits psychologiques, la formation etc …

  • un remboursement des frais de déplacement et de repas à hauteur des frais engagés qui sont une OBLIGATION de l'État : il n’est pas normal que nos collègues renoncent trop très souvent à les obtenir. en raison des lourdeurs administratives.

  • des secteurs d’intervention à taille “ humaine” ou raisonnable (un RASED complet pour 800 élèves)

  • une réelle réflexion sur le devenir de la profession en raison du nombre croissant de postes vacants : nos collègues psychologues ne peuvent pas continuer à payer de leur santé l’absence de moyens de remplacements.

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